jeudi 28 juillet 2011

Point sur la situation financière, buzz et debriefing : Un prix trop cher à payer?

Ca a buzzé aujourd'hui sur la blogosphère à propos de... pas grand chose de nouveau.

Commençons par le buzz aussi bien alimenté par les tabloïds suédois que relayé par différents blogs Saab : la BEI confirme son "non" à Vladimir Antonov. Mais le scoop n'est pas là en fait...
La BEI a officiellement déclaré aujourd'hui que l'octroi de son prêt avait été négocié à la condition (formelle? je ne vois pas comment le droit permettrait une telle clause) que le richissime Vladimir Antonov ne puisse pas avoir accès au capital de Saab. Plus étonnant, elle a déclaré que le gouvernement suédois ainsi que le NDO (Office de la Dette) était parfaitement au courant. On se rappelle pourtant que le NDO avait donné officiellement son feu vert à l'entrée d'Antonov en mai dernier... Le NDO a démenti aujourd'hui. Vous ne comprenez rien? Ce n'est pas grave, cette ouverture de parapluies en cascade n'a strictement aucun intérêt pour Saab. Si mal il y a eu, il est fait.

L'explication de ce comportement culpabilisé de la BEI qui veut aujourd'hui se justifier publiquement tient en 3 phrases :
GM ne voulait pas du milliardaire russe Vladimir Antonov présent au rachat de Saab par Spyker. Pourquoi, personne ne sait sérieusement.
2° Le business plan conclu pour faire valider le prêt de la BEI, nécessaire à l'époque pour valider le rachat de Saab par GM, a prévu une clause d'ownership permettant à toutes les parties d'avoir un droit de veto sur un changement au capital de Saab. Cette clause profite à la BEI tant que son prêt n'est pas remboursé, mais surtout à GM tant que ses actions préférentielles (280M€ tout de même) ne sont pas remboursées et au minimum jusqu'en 20132012, date à laquelle le remboursement du capital de  ces droits préférentiels et des intérêts dûs sur ce capital peut commencer.
3° Tous, je dis bien tous étaient parfaitement au courant de cela, y compris Vladimir Antonov et le gouvernement suédois (aussi bien que Victor Muller bien sûr). Vladimir Antonov a donc tout fait pour essayer de s'arranger avec GM et la BEI, a employé deux sociétés américaines indépendantes pour le blanchir des demi-accusations de complicité avec la mafia. Echec de toutes ces négociations semblerait-il donc. Dont acte.

Alors ce buzz? Parce que le NDO aurai donc joué la comédie en disant approuver Vladimir Antonov et le gouvernement suédois en disant qu'il ne validera pas Antonov tant que la BEI n'a pas approuvé d'abord sa candidature au capital de Saab.


En fait, tout ce petit monde parle bien plus en coulisses que devant les caméras... Pourquoi ce refus d'Antonov au capital de Saab? Affaire de politique européenne, intérêts américains à préserver via GM, problème lié des rumeurs d'argent sale? Franchement, personne n'en sait rien!

Conclusion : la BEI ne veut qu'une chose - c'est une banque - être remboursée. Une fois remboursée, elle n'aura plus son mot à dire. C'est clair.
Mais GM l'aura encore, son mot à dire... Ce que veut GM, personne n'en sait rien non plus.

Hypothèse 1: et si GM ne validait pas d'abord Antonov ou tout autre actionnaire tel Pang Da ou Yougman? Autant dire que tout projet de participation chinoise ne pourrait pas non plus voir le jour si l'intention de GM était de liquider Saab une fois pour toute. Avec tous les droits de propriété intellectuelle que la société américaine a conservé dans Saab et avec ses 280M€ d'actions préférentielles, cela lui permettrait de garder la manne en évitant de tout perdre d'ici 2016 si GM pense que Saab n'est pas viable à plus de 2 ans - ce qui reste à prouver. Peut-être que GM juge la motivation de Vladimir Antonov suspecte?

Hypothèse 2: GM préfèrerait plus une reprise par un constructeur automobile qui aurait suffisament de fonds pour renflouer les caisses de Saab et pérenniser l'activité du constructeur et l'utilisation des plateformes techniques GM?

A tort ou à raison, contrairement au mouvement général, mon regard se porte donc beaucoup plus sur les intérêts de GM concernant Saab aujourd'hui. Car c'est GM qui aura le dernier mot. La BEI une fois son prêt payé n'aura plus rien à dire. Si Vladimir Antonov n'est pas (?) parvenu à négocier avec GM alors il est clair qu'il n'a aucun intérêt à rembourser le prêt de la BEI. Bref, mon sentiment est qu'il y a une entente probable entre GM, la BEI et le gouvernement suédois, entente avec laquelle le brave Victor Muller essaye de composer pour sortir Saab de ce ""piège"" américano-suédois.

Les intérêts de GM sont défendables, considérant les quelques nombreux investissements même tardifs sur Saab, comme l'usine de Trollhättan ou encore les nouveaux modèles récents. Au fond, personne ne le dit, mais ma conviction depuis début 2010 est que Saab a été racheté un peu trop cher et que la décision de GM de ne plus liquider Saab était encore une fois financière, car GM continue de toucher de nombreuses rémunérations de licences dont le 9-4X en n'ayant plus à porter ni de charges, ni de dettes concernant Saab. Loin de moi l'idée de noircir GM : ils ont bien réussi à se servir de Saab dans les années 90 pour combler le déficit d'image de marques comme Cadillac ou Buick, qui n'étaient pas à l'époque aussi dynamiques qu'aujourd'hui. Ils ont réussi à amortir l'apparente dette chronique de Saab avec les DPI et le regain d'image et ce, sans aucun doute de mon point de vue, car on ne garde pas une filiale qui fait des pertes pendant 19 ans. Ils ont fait de beaux modèles  - et concepts - avec la participation enthousiaste et pressante des ingénieurs et designers suédois : les 900, 9-3, 9-5 ne sont pas des modèles "GM", mais bien de vraies Saab, grâce à GM.

Bref, c'est encore aujourd'hui GM qui tire les ficelles en coulisse et, avec Saab dépendant totalement de GM à de très nombreux égards, Victor Muller ne peut parler librement à ce sujet, parce qu'il n'en pas - encore - les moyens. Il sait d'ailleurs qu'il a été propulsé au rang d'actionnaire unique de Saab via SWAN (ex Spyker) en février 2010 et que l'apport effectif en cash (70M€) était faible. Je ne sais pas comment il espérait rembourser à GM les 280M€ d'actions préférentielles en 2016, mais nous savons aujourd'hui que le business plan 2009-2012, aussi riche en nouveaux modèles qu'il a été, s'est révélé financièrement trop court. Trop court tout simplement.

Aucun saabiste ne peut cependant regretter aujourd'hui d'en être "là", car sans Spyker, aucune 9-5 Berline ou Estate n'aurait vu le jour, pas de 9-4X, pas de motorisations écoperformantes, pas de série Griffin, et, pour la suite, pas de nouvelle 9-3. Mais les distributeurs continuent de souffrir comme en 2009...

Je le redis : tout est entre les mains de GM, même si notre attention est portée sur la BEI ou le gouvernement suédois. Saab a-t-elle donc été rachetée trop chère? C'est plus que raisonnable de le penser aujourd'hui. Mais la fin de l'histoire n'est pas encore écrite...

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