jeudi 22 septembre 2011

Réactions à la décision favorable de la Cour d'Appel pour la réorganisation de Saab

Première réaction : celle de son manager, celui qui "jamais, jamais n'abandonne": Victor Muller PDG de Swedish Automobile (et de Saab par interim).
Il s'est dit, dans cette interview par la 4ème chaîne tv suédoise, "soulagé" bien entendu par cette décision qui va "permettre à Saab de s'organiser dans l'attente des fonds" en provenance de Chine (245M€).
Il a balayé d'un revers de main les critiques portées par l'avocat d'affaire Rolf Aabjörnsson (qui avait soutenu le règlement judiciaire de Saab pour General Motors en 2009) : "cela n'a rien à voir : contrairement à 2009 où des créanciers avaient dû abandonner une partie de leurs créances, ici, nous ne demandons qu'un délai le temps d'obtenir les fonds nécessaires pour tout régler. Nous voulons tous les désintéresser".

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Swade sur Inside Saab estime que c'est "une bonne décision" qui "signifie que le vrai travail commence maintenant (...) pour remettre en ordre cette société" vers le retour de la production.

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RedJ salue sur Saabsunited "la loyauté des employés de Saab". Il a une pensée particulière pour les équipes d'ingénieurs qui "sont restées et ont continué à travaillé de leur côté pour le développement des produits qui feront notre fierté."

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Golfhunter de Saablog-in vous donne la traduction en français d'un autre communiqué de presse Saab paru ce jour, s'agissant de préciser en quoi consiste la restructuration de Saab maintenant :

(...) une initiative d'amélioration de l'efficacité dans le cadre d'un examen plus large du plan d'affaires de la société pour 2012 et au-delà, visant à créer un système plus souple et plus concurrentiel en termes de coûts pour l'entreprise. Cette initiative reflète aussi les effets de l'arrêt de la production prolongée depuis avril de cette année et est un élément important du plan de réorganisation volontaire qui sera présenté lors d'une prochaine réunion avec les créanciers.

Durant les prochaines semaines, Saab Automobile saura identifier les domaines au travers de toute l'organisation, où l'efficacité peut être acquise. L'initiative mettra l'accent sur les coûts fixes et variables et vise à créer une structure de coûts plus bas et plus souple à l'intérieur de Saab Automobile en éliminant la duplication des travaux, en rationalisant les processus, le raccourcissement des délais, en améliorerant la coordination entre les services et en simplifiant la structure organisationnelle (...). Lire la suite sur saablog-in
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Côté presse française généraliste, les médias ont traduit les dépêches venant soit de l'AFP (le Monde, l'Express, le Parisien, etc.) soit de Reuters (le Figaro, BFM, Yahoo, etc.).

Voici tout d'abord la dépêche AFP qui est moins que nuancée sur les perspectives de réussite de cette procédure (Rendez-vous dans 3 mois amigos!) :
STOCKHOLM — Le constructeur automobile suédois Saab a obtenu mercredi en appel la protection de la loi contre la faillite avec un sursis de trois mois pour se réorganiser, tandis que les syndicats réclamaient en justice sa mise en liquidation.

"La cour d'appel renverse la décision du tribunal (de première instance) et permet à Saab (...) la réorganisation", selon la décision dont l'AFP a obtenu copie.

Ce revirement en appel permettra aux salariés, qui n'ont toujours pas reçu les émoluments d'août, d'être payés via des garanties gouvernementales [possibilité non confirmée par Saab ; l'administrateur peut aussi décider de payer les salaires par priorité à d'autres créances pendant cette période]. En outre, la procédure suspend les demandes de mise en faillite déposées devant la justice par trois syndicats de Saab qui voulaient que les actifs de la société soient utilisés pour régler les salaires impayés.

"Les menaces de mise en faillite sont levées et les employés seront payés, ce qui est le plus important pour moi personnellement", a déclaré le PDG de Saab Victor Muller au quotidien Dagens Industri en ligne.

Le 8 septembre, en première instance, la justice avait refusé à Saab la protection contre la faillite au motif qu'il "n'y avait pas suffisamment de raisons de penser qu'une restructuration de l'entreprise fonctionnerait".

Mais mercredi, la cour d'appel a expliqué que le tribunal de première instance ne disposait pas de suffisamment d'informations pour évaluer la possibilité de réussite d'une réorganisation.

M. Muller a estimé les dettes du constructeur suédois à 150 millions d'euros et a dit attendre 245 millions de la part de nouveaux partenaires chinois Pang Da et Youngman.

Ces versements sont attendus d'ici novembre et le tribunal de première instance avait estimé qu'on "ne sait toujours pas si -ni quand- les autorités chinoises approuveront l'accord" de financement et que rien ne prouve que "le financement prévu sera suffisant (...) à long terme".

La cour d'appel a voulu donner sa chance à cette possibilité car elle "considère qu'une enquête plus poussée pourrait démontrer qu'il existe une possibilité de réorganisation réussie", selon les attendus.

Les juges ont donné à Saab "trois mois à partir de la présente décision" pour se réorganiser, laissant la porte ouverte à une prolongation de ce délai.

A cours de trésorerie, Saab, qui emploie 3.700 personnes mais ne vend plus de voitures, ne paie plus ses fournisseurs qui ont cessé leurs livraisons et provoqué l'interruption de la production depuis juin.

Dans un communiqué, la maison mère de Saab, Swedish Automobile (ex-Spyker) salue la décision d'appel et répète que sa demande de réorganisation volontaire "a pour objectif d'assurer une stabilité à court terme tout en attirant des capitaux supplémentaires en attendant les versements" promis par Pang Da et Youngman.

M. Muller a d'ailleurs assuré à Dagens Industri que le groupe était "dans une situation stable où nous avons sécurisé 70 million d'euros en attendant le financement de Youngman et Pang Da".

Les syndicats de leur côté ont "applaudi" la décision judiciaire et deux d'entre eux -IF Metall et Unionen- ont immédiatement annoncé le retrait de leur demande de mise en faillite de l'entreprise.

"Les salaires devraient se retrouver sur les comptes en banque de nos adhérents dans les prochains jours", se félicite IF Metall dans un communiqué.

Mais selon l'avocat Rolf Aabjörnsson [Mais que vient faire ce Monsieur ici?! Que cherche-t-il alors qu'il n'a aucune mission ni pour la défense des intérêts de l'Etat suédois, ni pour celle des syndicats et encore moins pour Saab? Il a défendu GM en 2009 qui avait imposé des abandons de créances aux fournisseurs de Saab. Nous ne sommes pas dans la même optique du tout avec cette procédure], spécialiste des sociétés, la décision de mercredi "n'est pas bonne".

"Il n'y a aucun fondement pour que la réorganisations réussisse", a-t-il déclaré à l'agence de presse suédoise TT.

"Tout est conditionné au fait que peut-être un jour on obtiendra de l'argent chinois", a-t-il dit en estimant que la cour devait avoir pris sa décision pour ne pas avoir la responsabilité d'être "celui qui aura fermé Saab", le principal employeur du sud-ouest de la Suède

Voici maintenant la dépêche Reuters :
STOCKHOLM, 21 septembre (Reuters) - Le constructeur automobile Saab a obtenu mercredi en appel d'être protégé contre ses créanciers en attendant son renflouement grâce à un investissement chinois.
La cour d'appel a annulé un jugement de première instance qui avait rejeté la demande de protection de Saab.

Saab espère que cette protection lui permettra de survivre jusqu'à l'approbation par les autorités chinoise d'un investissement de 245 millions d'euros des constructeurs automobiles Zhejiang Youngman Lotus Automobile et Pangda. .

Saab, filiale de Swedish Automobile , n'a pas payé les salaires d'août et doit 150 millions d'euros à ses fournisseurs.

Trois syndicats de salariés ont demandé la mise en faillite de la société pour activer un mécanisme public de paiement des salaires. Mais la mise sous protection contre les créanciers active aussi ce mécanisme.

D'ailleurs, le syndicat IF Metall déclare dans un communiqué que sa demande de mise en faillite n'est plus nécessaire.

La production chez Saab est pratiquement à l'arrêt depuis avril. A cette époque, les fournisseurs, n'étant plus payés, ont cesser de livrer. (Johan Ahlander, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Catherine Monin)
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Côté blog français automobiles, tous n'ont pas encore eu le temps de relayer l'information.

Citons déjà l'ami Quentin de News Autoplus que je sais être saabiste (comme de nombreux journalistes d'ailleurs de la presse auto même si l'occasion de se réjouir à propos de Saab leur manque un peu depuis ces derniers mois) : Quentin titre sa dépêche : "Saab respire!" et résume ainsi :
Saab, désormais sans contrainte de temps immédiate, peut souffler et attendre le déblocage des capitaux promis par Pang Da et Youngman.

Et enfin, Frederic Papkoff sur leblogauto titre son article : "Saab, feu vert pour la restructuration". Il conclue en disant :
Reste à présent à obtenir de façon rapide le feu vert de Pékin pour les accords avec PangDa et Youngman pour assurer le redémarrage de l’activité. PangDa a de son côté alerté ses actionnaires sur le risque de perte des sommes déjà versées à Saab [ce qui est normal de mon point de vue dans l'esprit de transparence comptable, mais ne préjuge en rien d'un éventuel retrait de sa candidature au rachet de Saab]

4 commentaires:

  1. Rémi,

    J'espere que tu prépares un livre pour raconter tout ça ! Parce que si Saab s'en sort, ce qui semble bien parti, on aura eu droit à une belle saga.
    Le héros sera bien sûr Victor Muller.

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  2. @Anonyme

    Oui, pourquoi pas? ;) Mais je préfèrerais écrire un conte plutôt qu'une tragédie grecque!^^

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  3. Blogautomobile.fr annonce qu'un huissier s'est rendu au musée Saab pour en évaluer sa collection de modèles historiques.

    Au delà du fait que tous les constructeurs ont ce type de collection, qu'elle soit ouverte au public ou non et au delà du fait que la démarche de l'huissier peut se comprendre dans un contexte d'impayés, quel dommage ce serait si l'aventure du sauvetage de Saab devait mal finir.
    J'espère que le gouvernement suédois saura nationaliser ce patrimoine (je parle du musée) pour éviter une dispersion...

    Avant une telle extrémité, Saab est parti pour survivre et c'est tant mieux!

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  4. L'info est parue jeudi sur Inside Saab avec le titre : "les Saab historiques marqués au fer rouge, mais sains et saufs".
    Il n'y a pas lieu de s'inquiéter à ce sujet : l'idée était de faire du bruit pour cette agence de recouvrement, car il est certain que si les véhicules étaient vendus aux enchères, la ville s'en porterait immédiatement acquéreur. Une solution de type fondation est en train d'être trouvée pour isoler ce patrimoine national du patrimoine de la société Saab Automobile.

    Dès que ma bécane sera réparée (en rade depuis ce matin), j'y reviendrai et en images ;)

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