Edito : Savoir reprendre de l'altitude
"D'une façon ou d'une autre, la vie la semaine prochaine ne sera plus même qu'aujourd'hui". C'est par ces mots que concluait Steven Wade un post sur Inside Saab la semaine dernière , alors que la demande de restructuration sous protection de la justice n'était pas encore rendue publique...
Cette phrase qui résonne à la fois comme une menace et comme un espoir possible, est donc toujours d'actualité pour Saab : l'appel du rejet de la demande va être déposé lundi, réponse des juges mercredi au plus tard.
La demande de restructuration est tombée en France, notamment, comme une petite bombe dans les médias de l'auto. Je remercie encore le journaliste de l'AFP qui a traduit cela par "dépôt de bilan". Ok, on peut bien admettre que la situation financière est telle que l'on serait tenté de dire cyniquement qu'ils avaient une petite longueur d'avance, c'est tout. Mais non, ce n'est PAS encore le cas et les mots dans ce genre de situation ont importance dramatique : les journalistes sont des commerçants comme les autres et le moins qu'on puisse dire, c'est que beaucoup - mais pas tous - méconnaissent (ou font semblant) le pouvoir des mots. Prenez cette vidéo du Figaro, nauséabonde, où un sombre inconnu, prend des airs bien assurés pour vous expliquer que "la fin de Saab ne changerait pas le profil du secteur" parce que notamment cette marque "peu innovante" était voué à l'échec. Peu innovante, pardon?! Comment peut-on dire une ânerie pareille? Sait-il par exemple que Saab est encore aujourd'hui un prestataire de service de GM Europe pour l'ingénerie moteurs et transmissions? Est-ce qu'il est déjà allé visiter l'usine, voir les bancs d'essai moteur, carrosserie, les souffleries, les studios de design etc etc? Le complexe d'ingénierie Saab à Trollhättan génère un savoir-faire qui est intégré bien au-delà des seuls modèles Saab. Partout on avait lu que la 9-5 NG avait comme "base technique l'Opel Insignia", l'exemple même de désinformation, puisque si ces voitures ont la même plateforme technique partagée avec Buick, elle a été élaborée principalement à Trollhättan. Qui a retravaillé les motorisations diesel au point de pouvoir sortir sur le marché la berline et le break les plus eco-performants du marché en mars dernier? C'est Saab... Effrayant ce terrorisme journalistique, passons...
On a le droit de lire depuis une semaine des commentaires véritablement crétins - je reste courtois - du genre "je vous l'avais dit, c'était couru d'avance". Comme si nous étions chacun incapables de faire un calcul de probabilité et que nous n'avions jamais perçu que cette période d'arrêt de la production pouvait être fatale, comme si nous ne savions pas que SWAN, actionnaire de Saab, avait à sa tête un homme d'affaire charismatique - le meilleur vendeur du monde selon moi - mais désargenté, comme si nous n'avions pas constaté que les suédois refusent de s'engager pour le patrimoine économique historique de leur automobile, comme si nous n'avions pas déploré le refus de laisser Vladimir Antonov entrer au capital de Saab pour 150 M€, comme si nous ne savions pas lire un bilan semestriel qui démontre que Saab avait besoin de 200M€ en 2011 de plus pour que son business plan soit véritablement économiquement viable etc.
Après tant de mois de combats du management de Saab pour tenter de trouver les crédits nécessaires pour faire repartir la production - enjeu majeur - on a vraiment envie de baisser les bras, de faire l'addition, de tirer des conclusions, de tout balancer par-dessus bord - Victor Muller et ses promesses non tenues avec...
Moi-même, je vous mentirais si je disais que cette semaine n'a pas été angoissante et si ces nouvelles - à commencer par le rapport semestriel SWAN - n'avaient pas généré un grand trouble, des questions difficiles, des remises en question aussi... Des questions du genre : "Victor Muller est-il vraiment clean? Tout ce qui se passe était-il écrit, prévu? Quelles sont les intentions de Victor Muller? Pourquoi se bat-il? Est-ce par passion de la marque uniquement ou parce qu'il veut récupérer sa mise de départ, ce qui ne sera probablement pas possible en cas de faillite? Est-ce que l'intérêt de Saab ne serait pas aujourd'hui de déposer le bilan pour être racheté par un grand groupe? Est-ce que cette hypothèse serait envisageable juridiquement? Est-ce que le businessplan de départ (janvier 2010-décembre 2012) était viable finalement? Est-ce que pour finir, quelqu'un aurait intérêt à ce que Saab meure?
Toutes ces questions, je suis certain que vous vous les posez. Et ce ne serait pas honnête de les éluder. J'ajoute que je me les pose depuis bien longtemps déjà et que dans le doute, j'en ai gardé certaines pour moi, tout simplement parce que ce blog n'a pas pour mission de présenter un plan d'affaire pour Saab, mais de parler de l'essentiel de ce constructeur qui nous passionne : les Saab. Parce que l'on ne met pas des voitures cabossées dans un showroom, parce que Saab actu est un blog sensé parler des raisons qui font que la marque Saab est unique, historique, visionnaire parfois même. Et très honnêtement, on s'en fout des chiffres financiers tant qu'on a du plaisir à rouler en Saab, d'aller voir son concessionnaire pour matter les nouvelles et choisir ses options. Mais voilà, le volet financier chez Saab est devenu si difficile depuis 2009 qu'il est impossible de le mettre de côté, car la survie de la marque est en danger et le danger est désormais à quelques semaines sinon à quelques jours seulement de nous maintenant.
Cette phrase qui résonne à la fois comme une menace et comme un espoir possible, est donc toujours d'actualité pour Saab : l'appel du rejet de la demande va être déposé lundi, réponse des juges mercredi au plus tard.
La demande de restructuration est tombée en France, notamment, comme une petite bombe dans les médias de l'auto. Je remercie encore le journaliste de l'AFP qui a traduit cela par "dépôt de bilan". Ok, on peut bien admettre que la situation financière est telle que l'on serait tenté de dire cyniquement qu'ils avaient une petite longueur d'avance, c'est tout. Mais non, ce n'est PAS encore le cas et les mots dans ce genre de situation ont importance dramatique : les journalistes sont des commerçants comme les autres et le moins qu'on puisse dire, c'est que beaucoup - mais pas tous - méconnaissent (ou font semblant) le pouvoir des mots. Prenez cette vidéo du Figaro, nauséabonde, où un sombre inconnu, prend des airs bien assurés pour vous expliquer que "la fin de Saab ne changerait pas le profil du secteur" parce que notamment cette marque "peu innovante" était voué à l'échec. Peu innovante, pardon?! Comment peut-on dire une ânerie pareille? Sait-il par exemple que Saab est encore aujourd'hui un prestataire de service de GM Europe pour l'ingénerie moteurs et transmissions? Est-ce qu'il est déjà allé visiter l'usine, voir les bancs d'essai moteur, carrosserie, les souffleries, les studios de design etc etc? Le complexe d'ingénierie Saab à Trollhättan génère un savoir-faire qui est intégré bien au-delà des seuls modèles Saab. Partout on avait lu que la 9-5 NG avait comme "base technique l'Opel Insignia", l'exemple même de désinformation, puisque si ces voitures ont la même plateforme technique partagée avec Buick, elle a été élaborée principalement à Trollhättan. Qui a retravaillé les motorisations diesel au point de pouvoir sortir sur le marché la berline et le break les plus eco-performants du marché en mars dernier? C'est Saab... Effrayant ce terrorisme journalistique, passons...
On a le droit de lire depuis une semaine des commentaires véritablement crétins - je reste courtois - du genre "je vous l'avais dit, c'était couru d'avance". Comme si nous étions chacun incapables de faire un calcul de probabilité et que nous n'avions jamais perçu que cette période d'arrêt de la production pouvait être fatale, comme si nous ne savions pas que SWAN, actionnaire de Saab, avait à sa tête un homme d'affaire charismatique - le meilleur vendeur du monde selon moi - mais désargenté, comme si nous n'avions pas constaté que les suédois refusent de s'engager pour le patrimoine économique historique de leur automobile, comme si nous n'avions pas déploré le refus de laisser Vladimir Antonov entrer au capital de Saab pour 150 M€, comme si nous ne savions pas lire un bilan semestriel qui démontre que Saab avait besoin de 200M€ en 2011 de plus pour que son business plan soit véritablement économiquement viable etc.
Après tant de mois de combats du management de Saab pour tenter de trouver les crédits nécessaires pour faire repartir la production - enjeu majeur - on a vraiment envie de baisser les bras, de faire l'addition, de tirer des conclusions, de tout balancer par-dessus bord - Victor Muller et ses promesses non tenues avec...
Moi-même, je vous mentirais si je disais que cette semaine n'a pas été angoissante et si ces nouvelles - à commencer par le rapport semestriel SWAN - n'avaient pas généré un grand trouble, des questions difficiles, des remises en question aussi... Des questions du genre : "Victor Muller est-il vraiment clean? Tout ce qui se passe était-il écrit, prévu? Quelles sont les intentions de Victor Muller? Pourquoi se bat-il? Est-ce par passion de la marque uniquement ou parce qu'il veut récupérer sa mise de départ, ce qui ne sera probablement pas possible en cas de faillite? Est-ce que l'intérêt de Saab ne serait pas aujourd'hui de déposer le bilan pour être racheté par un grand groupe? Est-ce que cette hypothèse serait envisageable juridiquement? Est-ce que le businessplan de départ (janvier 2010-décembre 2012) était viable finalement? Est-ce que pour finir, quelqu'un aurait intérêt à ce que Saab meure?
Toutes ces questions, je suis certain que vous vous les posez. Et ce ne serait pas honnête de les éluder. J'ajoute que je me les pose depuis bien longtemps déjà et que dans le doute, j'en ai gardé certaines pour moi, tout simplement parce que ce blog n'a pas pour mission de présenter un plan d'affaire pour Saab, mais de parler de l'essentiel de ce constructeur qui nous passionne : les Saab. Parce que l'on ne met pas des voitures cabossées dans un showroom, parce que Saab actu est un blog sensé parler des raisons qui font que la marque Saab est unique, historique, visionnaire parfois même. Et très honnêtement, on s'en fout des chiffres financiers tant qu'on a du plaisir à rouler en Saab, d'aller voir son concessionnaire pour matter les nouvelles et choisir ses options. Mais voilà, le volet financier chez Saab est devenu si difficile depuis 2009 qu'il est impossible de le mettre de côté, car la survie de la marque est en danger et le danger est désormais à quelques semaines sinon à quelques jours seulement de nous maintenant.