jeudi 8 septembre 2011

Victor Muller fait (mais ne le dépose pas ! ) son bilan et esquisse le futur

Aujourd'hui le 8 septembre est le jour décisif pour Saab puisque la Justice suédoise accordera ou non à Saab le droit de se mettre sous protection de la justice en vue d'une restructuration (qui n'est pas une procédure de faillite!!!)
Dans le cas d'un refus, il restera à Victor Muller le "plan C" (ou "E" comme "exit") auquel, j'en suis sûr, il a déjà pensé. On croise les doigts, mais je ne saurais dire très franchement ce qui serait le mieux pour Saab aujourd'hui car je n'ai pas idée d'un repreneur potentiel européen ou américain suffisament solide... Wait and See.

Je vous avais promis une analyse pour ce soir, mais j'ai passé trop de temps à vous traduire cette conférence de presse qui au demeurant reprend les principales questions que vous devez vous poser concernant l'avenir de Saab. Et je n'aurais pas mieux dit les choses que Victor Muller...


Voici le texte de la conférence de Presse tenue par Victor Muller ce jour à Saab Trollhättan. La vidéo est en bas de post.


(Victor Muller) (..) Nous avons vécu une période de turbulences ces quatre derniers mois pendant laquelle nous avons réussi à collecter quelque chose comme 125 millions d'euros de capitaux et de fonds à injecter dans notre société. En dépit de cela, cela n'était pas suffisant pour faire repartir la production de façon normale. En dépit de tous nos efforts, luttant contre la montre, nous sommes arrivés à un point où les organismes de recouvrement sont devenus plus virulentes, où ne pouvons plus payer les salaires précisément à temps, mais de façon plus problématiques, même si nous avons les fonds pour les payer, nous ne pouvions plus les payer, à cause des restrictions légales sous lesquelles nous sommes [en Suède, cf. explications du communiqué de presse de ce jour] : vous ne pouvez pas payer un groupe de créanciers si vous ne payez pas un autre groupe. Ainsi nous ne pouvions pas privilégier le paiement des salaires au détriment d'autres créances. Et je peux vous assurer que pour un dirigeant, il n'y a rien de plus douloureux de ne pas pouvoir vos employés alors que vous pouvez avez l'argent pour le faire.

Si la Justice nous accorde demain le droit de cette mise sous protection en vue d'une restructuration volontaire, les salariés pourront être alors être payés. Les salariés à qui nous avons appris la nouvelle ce matin ont pris la chose de façon assez fair-play et leur loyauté ne saurait ici être mise en doute.

Mais la raison principale de mettre la société Saab dans cette procédure de restructuration protégée par la Justice est la recherche de stabilité. Nous avons été exposés à toutes sortes de requêtes de la part de créanciers et nous voulons remplir nos obligations à leur égard, mais cela a été extrêmement difficile en ce qui concerne l'acheminement des fonds en temps et en heure.

Comme vous le savez, nous avons signé un accord avec Pang Da et Youngman début juillet dernier. Cet accord est contraignant désormais mais soumis à approbation. Notre opinion, fondée sur l'avis d'experts, que cette approbation sera effective à un moment donné. Mais pour aller de cet accord avec Pang Da et Youngman pour arriver au versement des fonds, nous avons à construire une passerelle financière pour couvrir cette crise de liquidités. Il y a plusieurs façons pour obtenir cela, mais nous avons pressenti que la façon la plus appropriée pour apporter un peu de paix à cette société était de demander la protection de la justice et d'assurer que rien ne peut arriver à Saab d'ici là. C'est là le fil conducteur qui sous-tend cette décision. Et aussi, comme conséquence, que nos employés pourront maintenant être payés.

Nous avons vécu des moments difficiles. Nous avons vu Vladimir Antonov émettre le souhait très clair et formel d'entrer au capital de Saab avec un apport de 130 millions à une époque où 30 millions aurait suffit (sic), nous savons tous ici que cela ne s'est pas produit, pour tout un tas de raison... La question est que nous devons désormais arriver à tenir jusqu'à ce que Pang Da et Youngman nous rejoignent. C'est à ce moment qu'il y aura vraiment la stabilité et la prospérité pour cette société.
Commence la session de réponse aux questions...


VM

- (Question d'un journaliste) Si la Cour dit "oui" à la mise sous protection en vue de la restructuration de la société, quelles seront les conditions?
- VM: (...) Si la Cour dit "oui", c'est qu'elle estime que les chances de continuité de l'exploitation, de pouvoir obtenir les fonds nécessaires pour cela, sont supérieures à la moyenne. Nous sommes très confiants de pouvoir obtenir ces fonds et nous avons en fait déjà sécurisé juridiquement l'obtention de ces fonds avec Pang Da et Youngman. Une fois sorti de là, les fonds disponibles, la société sera à nouveau sur les rails.

- (Autre question inaudible)
- VM : Nous avons déjà dit dans la presse et aussi dans cette procédure que nous avions l'intention de payer nos créanciers en totalité. Donc cette restructuration n'implique PAS de créer des groupes de créanciers privilégiés ou non où les créanciers doivent normalement renoncer à une partie de leurs créances. Cela est beaucoup plus parlant que de recourir à un procédé rapide (de type demmande de mise en faillite forcée), parce qu'alors vos créanciers doivent attendre une décision longue sur l'assiette de leurs créances recouvrable. Non, ceci n'est pas le cas justement dans cette procédure de protection volontaire que nous demandons, contrairement d'ailleurs à la procédure précédente de 2009 alors que Saab était une filliale de General Motors où il y a eu un jugement qui a effacé 75% des dettes fournisseurs à l'époque [hum, vous le saviez ça, vous?!]

- Comment pouvez-vous être sûr que le deal avec Youngman et Pang Da sera approuvé?
- VM : et bien c'est mon métier de le savoir. Nous ne faisons pas que "sentir" les choses, mais nous avons des sources directes de la part de personnes partie prenantes dans la procédure. Il y a des signes tels que les larges avances que Pang Da et Youngman ont déjà faites à Saab pour que la société reste à flot. Ils n'auraient jamais versé ces fonds à Saab s'ils avaient senti que le consentement des autorités ne pouvait pas être obtenu. Donc nous partageons cette confiance avec nos partenaires.

- Quand cette décision d'approbation des autorités chinoises viendra-t-elle?
- VM : c'est pas évident à dire, mais nous pensons relativement rapidement. Je veux dire qu'il s'est déjà écoulé un temps important depuis l'accord. Nous avions toujours pensé que cela prendrait quelques mois, donc je pense que nous sommes relativement proches.

Et allez-vous redémarrer la production à ce moment là?
- VM : La question de savoir si nous allons redémarrer la production à ce moment là ou plus tôt est vraiment celle de savoir quel montant nous pourrons sécuriser pendant le processus de restructuration. Si nous arrivons à collecter plus de fonds que le strict nécessaire pour rester à flot pendant cette période, alors nous pourrions certainement redémarrer la production bien avant et vous pouvez imaginer que c'est bien sûr notre priorité numéro 1

- Quand allez-vous payer les fournisseurs?
- VM : Et bien cela va dépendre de l'approbation du plan de restructuration et ce, une fois que la réunion des créanciers aura lieu [M. Holmquvist s'en réjouit maintenant... Bien joué Victor sur ce coup-là, j'ai envie de dire]. En général elle a lieu trois semaines après la décision de la Cour (...)

- Alors vous avez besoin de combien pour payer vos dettes?
- VM : J'ai lu sur internet des montants énormes! Nous avons en fait à peu près 150 millions d'euros d'impayés. C'est comment dire, énormément d'argent... Nous allons avoir 250 millions d'euros de Pang Da et Youngman, mais ce n'est pas bien sûr la seule chose que nous ferons avec...

- J'ai lu dans la presse que la demande d'approbation du deal Pang Da et Youngman n'avait pas encore été faite. Est-ce vrai?
- VM : c'est faux. Elle a été faite. Quand les autorités rendront leur décision,je ne saurais vous le dire, les choses doivent suivre leur cours.

(...)
VM : Saab Parts ne sera pas concernée par la procédure. Saab Parts est le négoce de pièces détachées pour le SAV. Saab Parts n'a aucune dette, c'est une affaire très rentable. Donc s'il n'y a pas de souci, pourquoi la conduire dans le processus de restructuration? De la même façon, il n'y a pas de raison d'inclure nos filiales étrangères comme SAAB GB ou SAAB USA. Donc nous avons appliqué cette procédure de sauvegarde en vue d'une restructuration uniquement pour Saab Automobile, Saab Tools et Saab Powertrain.

- Pourquoi n'avez-vous pas demandé plus tôt cette restructuration sous protection de la Justice?
- VM : Parce que vous ne venez pas comme ça devant le juge pour remplir un papier! Nous avons préparé cela depuis des semaines et des semaines. Il y a document soigneusement conçu à compléter dans lequel vous devez démontrer que la société est viable sur le long terme, que les revenus escomptés arriveront - dans ce cas de Youngman et Pang Da. Vous devez établir un très sérieux rapport. [en fait ils ont probalement dû rebâtir un nouveau business plan intégralement].

- Que se passera-t-il en cas de refus par le juge?
- VM : nous ne pouvons pas dire pour l'instant alors que justement la décision est pendante pour l'instant. Mais nous avons un "plan C" (à suivre)
  : Quoique je vous dise, rappelez-vous bien que la Cour n'a pas encore rendu sa décision [demain 8 septembre 14h30] sur notre demande [ce qui signifie qu'il ne peut pas parler comme si Saab était déjà sous cette protection de la justice et que donc le risque de dépôt de bilan existe si la procédure est refusée]

Je suis crevé. je dois arrêter ici la traduction à la moitié mais je peux vous dire que la suite vaut son pesant d'or ; je la reprendrai demain soir sauf imprévu (un refus de la Cour sur la demande de restructuration sous protection de la justice).

Si vous comprenez bien l'anglais oral, vous DEVEZ trouver 40 minutes pour regarder cette vidéo.

11 commentaires:

  1. Merci pour ces infos et cette traduction !

    Bon courage !

    Philippe

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  2. merci pour ton boulot Rémi!
    Griffin up!!!
    Je garde confiance en Victor Muller
    Moveinsaab

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  3. merci beaucoup pour le travail très interessant que vous effectuez pour nous tenir informés sur Saab
    très cordialement

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  4. Super boulot Remi, merci de ton investissement qui nous fait garder espoir.
    Xerox

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  5. Merci à vous tous. On pense spécialement à ceux qui sont sur le front, le management à Trollhättan, le management des réseaux dont certains employés par des filiales de Saab (comme Saab France)...

    Comme l'a dit Victor Muller hier à un journaliste : "you know I never give up" (je n'abandonne jamais). Et aussi : "it's war!" (c'est la guerre).

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  6. Bravo !! Je n'aurais jamais eu le courage de le faire !

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  7. Tiens un copain. Salut Jeff... Vous avez aussi très bien tenu le rythme de toutes les infos sur saablog-in. Malheureusement tout ceci part en fumée maintenant.

    Je ne sais pas quoi en penser même si j'avais cru deviner entre les lignes que le verdict serait difficilement un oui... Le plan C de VM s'enclenche désormais si l'on croit du moins qu'il n'était pas en fait, en coulisses, enclenché depuis 5 mois. Il y a des sérieuses questions à se poser. Mais difficile de les poser sans faire de l'ombre à Saab pour l'instant. Difficile aussi de se taire encore longtemps sur les doutes qu'on a tous sur le management SWAN il me semble et depuis assez longtemps, malgré l'immense charisme de VM...

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  8. clap de fin : dépôt de bilan et redressement judiciaire de 3, 6 mois le temps qu'un candidat potentiel fasse une proposition de rachat...mais il y aura de la casse !! De toutes façons, un candidat quel qu'il soit avait intérêt à attendre cette issue pour racheter la boite au moindre coût (?) en lieu et place d'injecter des sommes farimineuses... L'occasion de restructurer l'ensemble. A moins que le juges en décident autrement :-(

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  9. Au fond, je me pose la question ! Et si c'était Victor Muller le problème de Saab ?

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  10. Anonyme a dit : Au fond, je me pose la question ! Et si c'était Victor Muller le problème de Saab ?

    Le débat est ouvert, mais il ne faut pas oublier que sans lui, la marque n'existerait plus. Et aussi se demander si en l'état un repreneur est capable d'assumer financièrement l'effort?...

    On attend les arguments...

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  11. Impressionnant travail de suivi!! Un modèle de journalisme d'investigation que l'on va indiquer au FIGA(BLAIR)RO !!!

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