Peut-on parler d'avenir pour Saab avec ces chiffres?
Celui-là est bien long... J'ai voulu essayer de traiter quelques questions sur les chiffres sous une forme de questions-réponses...
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- le chiffre le plus positif publié dans ce rapport semestriel à fin juin dernier. Sur le 1er semestre 2011, les chiffres de vente en gros ou au détail démontrent que les prévisions annoncées par Victor Muller étaient complètement réalistes : 28.000 voitures vendues sur le 1er semestre 2011 malgré une forte chute dès le mois d'avril suite à l'annonce médiatisée de l'arrêt de la production, vous multipliez cela par deux, vous rajoutez deux nouveaux modèles (9-4X et surtout 9-5 Estate), il est certain, vraiment certain que les 80.000 ventes annuelles auraient été atteintes.
- et surtout, surtout la progression de mars 2011 par rapport à mars 2010 : + 129% en Suède, + 524% aux Etats-unis, + 53% en GB, + 29% en France etc. "M. Saabincognito" - c'est une ou plusieurs personnes dont la confiance m'est très chère pour avoir des confirmations en off sur l'actu Saab - me disait hier, qu'en mars dernier dans certains grandes concessions, on vendait une Saab par jour (de fait les ventes ont été de 80 unités pour la France), ce qui n'était pas encore suffisant, mais amorçait un très très net virage dans l'esprit des clients. La fête du jour de l'Indépendance Saab a peut-être joué un rôle d'accélérateur.
Il y a des faits objectifs comme les mauvais chiffres de ventes 2010. Comment les expliquer? La nouvelle indépendance de Saab a été très douloureuse financièrement et économiquement. Dans la crise de 2009, Saab a perdu un bon tiers facilement de son réseau aux Etats-Unis et dans d'autres pays. Mon avis au passage est qu'à long terme, c'était une très bonne chose, car ce ne sont pas les plus motivés par la marque qui ont disparu à quelques exceptions très regrettables, en France aussi. Sur le court terme, il a fallu à Saab rebatir commercialement et juridiquement son réseau. Il a fallu renégocier un très grand nombre de contrats fournisseurs dont certains avaient même jetté les moules de fabrication de la 9-5. Il a fallu investir beaucoup de temps, d'argent et de personnes pour tenter de rebâtir la confiance, puisque les médias avaient déjà enterré Saab. Fin 2010, on lisait encore sur de nombreux forums généralistes : "est-ce que Saab est encore vivant?" Un retard de 3 mois sur la mise en production de la 9-5 et des autres modèles aussi, presque 6 mois pour rebâtir le réseau commercial et repenser les stratégies expliquent en gros les mauvais chiffres de 2010 et finalement pratiquement 1 an pour que Saab retrouve une visibilité - et encore. En France, le réveil a commencé à sonner en octobre, à l'arrivée effective des 9-5 en concessions, les gros mois du printemps et de l'automne étaient passés...
D'autres raisons moins évidentes à cerner tiennent peut-être à la gestion des ressources humaines, mais sur ce point, malgré des infos que j'ai en off, je n'ai pas de chiffres précis. Certains évoquent des manques de marketing aux Etats-Unis notamment, ce qui a d'ailleurs conduit au limogeage de son DG (Bob Lutz Mike Colleran) au début de cette année.
Bref, oui, il manquait 250 M€ à la louche pour ce business plan.
Toujours est-il que ce business plan financièrement a été objectivement faux et cela explique que les candidats au rachat au prix demandé par GM n'ont pas été si nombreux en fin de compte, que Koeniggseeg avait jetté l'éponge, car l'affaire était risquée quand on fait l'addition...
1) le nerf de la guerre, la production et les ventes. Les marchés traditionnels de Saab sont insuffisants, il faut aller ailleurs. La Chine, premier marché émergent du monde en plein boom automobile. Le premier accord de distribution avec Pang Da, qui est le plus grand distributeur de Chine est venu le 16 mai dernier ouvrir de nouvelles perspectives. La demande dans le secteur premium de l'automobile est très forte en Chine.
2) réalimenter la machine avec des fonds temporaires pour redonner confiance aux fournisseurs et négocier avec un étalement de la dette avec des délais de paiement court. L'ouverture du marché chinois devait servir de produit dopant
3) trouver un investisseur de long terme intéressé par Saab et financièrement solide. Ce fut l'accord Pang Da Youngman qui a débouché sur un accord contraignant le 4 juillet dernier prévoyant 245 millions de fonds injectés dans SWAN pour un constrat de distribution et de construction.
La grande idée de ce plan va bien au-delà des fonds injectés : il fallait à Saab trouver un marché où on fait rapidement des gros volumes. Ensuite, trouver un constructeur intéressé par les transferts de technologie et capable de les payer.
Dernier volet, Victor Muller espérait pouvoir trouver un fonds d'investissement temporaire le temps d'obtenir les accords des autorités chinoises notamment. Il n'y a eu aucun moyen de faire plier la BEI pour faire entrer Vladimir Antonov.
Par contre, Saab a dû vendre le 7 juillet une partie de son complexe immobilier industriel, logé dans une société crée pour l'occasion appelée Saab Property, à un organisme financier suédois qui a pris 50% des parts de cette société immobilière en lease-back immobilier. Les murs resteront à Saab sous réserve du paiement de loyers annuels et d'une valeur résiduelle à terme du lease-back.
500 400 millions d'euros. Vendre saab aujourd'hui supposerait donc un effort avant toute injection d'argent frais de 470 millions d'euros (un minimum de 70 M€ pour les actions Saab détenues par SWAN) [estimation à partir du bilan semestriel 2011]. Saab les vaut peut-être, je n'ai pas la compétence ni tous les chiffres pour le savoir. Dans la situation actuelle, un acheteur préfèrerait peut-être attendre l'effet d'une procédure de dépôt de bilan pour éviter de reprendre à son compte tout le passif... En même temps, l'accord Pang Da et Youngman, s'il est validé par les autorités chinois - et plusieurs éléments tendent à nous faire penser que c'est en très bonne voie - a une vraie valeur ajoutée pour l'avenir économique et financier de Saab...
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- le chiffre le plus positif publié dans ce rapport semestriel à fin juin dernier. Sur le 1er semestre 2011, les chiffres de vente en gros ou au détail démontrent que les prévisions annoncées par Victor Muller étaient complètement réalistes : 28.000 voitures vendues sur le 1er semestre 2011 malgré une forte chute dès le mois d'avril suite à l'annonce médiatisée de l'arrêt de la production, vous multipliez cela par deux, vous rajoutez deux nouveaux modèles (9-4X et surtout 9-5 Estate), il est certain, vraiment certain que les 80.000 ventes annuelles auraient été atteintes.
- et surtout, surtout la progression de mars 2011 par rapport à mars 2010 : + 129% en Suède, + 524% aux Etats-unis, + 53% en GB, + 29% en France etc. "M. Saabincognito" - c'est une ou plusieurs personnes dont la confiance m'est très chère pour avoir des confirmations en off sur l'actu Saab - me disait hier, qu'en mars dernier dans certains grandes concessions, on vendait une Saab par jour (de fait les ventes ont été de 80 unités pour la France), ce qui n'était pas encore suffisant, mais amorçait un très très net virage dans l'esprit des clients. La fête du jour de l'Indépendance Saab a peut-être joué un rôle d'accélérateur.
- En admettant alors que le seuil des 80.000 voitures produites ait été atteint en 2011, puis légèrement dépassé en 2012, cela n'aurait tout de même pas permis à Saab d'atteindre son seuil de rentabilité...
- Mais Saab a affiché des pertes opérationnelles de 48 millions d'euros au 1er semestre, il ne suffit pas de produire pour être rentable, il faut de la marge!
- Le point mort, ok, mais l'indépendance passe aussi par une capacité d'autofinancer son développement.
- Enfin, les ventes de 2011 et même de 2012 auraient été loin d'éponger les 200 millions de pertes affichées au bilan du 1er semestre 2011.
- Dire que les volumes prévus dans le businessplan 2010-2012 n'auraient pas pu couvrir les pertes enregistrées sur l'exercice 2010-2011 remet-il en question la stratégie initiale pourtant homologuée par GM et SPYKER et l'Office de la Dette suédois?
Il y a des faits objectifs comme les mauvais chiffres de ventes 2010. Comment les expliquer? La nouvelle indépendance de Saab a été très douloureuse financièrement et économiquement. Dans la crise de 2009, Saab a perdu un bon tiers facilement de son réseau aux Etats-Unis et dans d'autres pays. Mon avis au passage est qu'à long terme, c'était une très bonne chose, car ce ne sont pas les plus motivés par la marque qui ont disparu à quelques exceptions très regrettables, en France aussi. Sur le court terme, il a fallu à Saab rebatir commercialement et juridiquement son réseau. Il a fallu renégocier un très grand nombre de contrats fournisseurs dont certains avaient même jetté les moules de fabrication de la 9-5. Il a fallu investir beaucoup de temps, d'argent et de personnes pour tenter de rebâtir la confiance, puisque les médias avaient déjà enterré Saab. Fin 2010, on lisait encore sur de nombreux forums généralistes : "est-ce que Saab est encore vivant?" Un retard de 3 mois sur la mise en production de la 9-5 et des autres modèles aussi, presque 6 mois pour rebâtir le réseau commercial et repenser les stratégies expliquent en gros les mauvais chiffres de 2010 et finalement pratiquement 1 an pour que Saab retrouve une visibilité - et encore. En France, le réveil a commencé à sonner en octobre, à l'arrivée effective des 9-5 en concessions, les gros mois du printemps et de l'automne étaient passés...
D'autres raisons moins évidentes à cerner tiennent peut-être à la gestion des ressources humaines, mais sur ce point, malgré des infos que j'ai en off, je n'ai pas de chiffres précis. Certains évoquent des manques de marketing aux Etats-Unis notamment, ce qui a d'ailleurs conduit au limogeage de son DG (
- Fallait-il simplement un actionnaire capable de mettre 200M€ de plus pour que le businessplan fonctionne?
Bref, oui, il manquait 250 M€ à la louche pour ce business plan.
- 80 M$ en cash, 320 M$ en actions préférentielles payés à GM pour racheter Saab, plus 250M€ d'apport en compte courant que Spyker aurait dû (s'il les avait eu!) allonger fin 2010 pour que ce business plan fonctionne, ça fait cher et pour un investisseur, il faut patienter longtemps pour les retrouver, non?
Toujours est-il que ce business plan financièrement a été objectivement faux et cela explique que les candidats au rachat au prix demandé par GM n'ont pas été si nombreux en fin de compte, que Koeniggseeg avait jetté l'éponge, car l'affaire était risquée quand on fait l'addition...
- Clairement SWAN n'avait pas ces 200 à 300M€ à mettre sur la table.
- Comment Victor Muller espérait-il donc pouvoir faire face à cette impasse financière? Le plan A (venue de Vladimir Antonov) ne marchait pas. Quel a été le plan B pour Victor Muller?
1) le nerf de la guerre, la production et les ventes. Les marchés traditionnels de Saab sont insuffisants, il faut aller ailleurs. La Chine, premier marché émergent du monde en plein boom automobile. Le premier accord de distribution avec Pang Da, qui est le plus grand distributeur de Chine est venu le 16 mai dernier ouvrir de nouvelles perspectives. La demande dans le secteur premium de l'automobile est très forte en Chine.
2) réalimenter la machine avec des fonds temporaires pour redonner confiance aux fournisseurs et négocier avec un étalement de la dette avec des délais de paiement court. L'ouverture du marché chinois devait servir de produit dopant
3) trouver un investisseur de long terme intéressé par Saab et financièrement solide. Ce fut l'accord Pang Da Youngman qui a débouché sur un accord contraignant le 4 juillet dernier prévoyant 245 millions de fonds injectés dans SWAN pour un constrat de distribution et de construction.
- Résumons le plan B
La grande idée de ce plan va bien au-delà des fonds injectés : il fallait à Saab trouver un marché où on fait rapidement des gros volumes. Ensuite, trouver un constructeur intéressé par les transferts de technologie et capable de les payer.
Dernier volet, Victor Muller espérait pouvoir trouver un fonds d'investissement temporaire le temps d'obtenir les accords des autorités chinoises notamment. Il n'y a eu aucun moyen de faire plier la BEI pour faire entrer Vladimir Antonov.
- Pourquoi la BEI n' a pas voulu de Vladimir Antonov? Son investissement aurait pourtant largement suffi à remettre la production sur pied le temps que les accords Pang Da et Youngman soient validés par les autorités chinoises...
- Vladimir Antonov n'avait qu'à racheter le prêt de la BEI!
- Bref, le volet économique et financier à long terme du plan B paraît bon, mais le volet financier à court terme n'a pas marché
- Comment Victor Muller a pu faire face aux besoins urgents à court terme, payer les charges fixes et les salaires jusqu'en septembre?
Par contre, Saab a dû vendre le 7 juillet une partie de son complexe immobilier industriel, logé dans une société crée pour l'occasion appelée Saab Property, à un organisme financier suédois qui a pris 50% des parts de cette société immobilière en lease-back immobilier. Les murs resteront à Saab sous réserve du paiement de loyers annuels et d'une valeur résiduelle à terme du lease-back.
- Début juillet, le deal avec Pang Da et Youngman était signé, Saab a reçu 205MSEK (23M€). Sur cette base, Saab avait annoncé un retour de la production au 9 août...
- Arrive septembre et le non-paiement des salaires, les menaces des syndicats et l'épée de Damoclès de l'Agence de Recouvrement menaçant de commencer les saisies. Et après?...
- Cette procédure de restructuration sous protection de la justice est-elle une procédure de type dépot de bilan?
- Quel est en définitive le montant des dettes exigibles de Saab aujourd'hui?
- En gros ces 5 mois ont coûté facilement 60 millions à Saab, sans parler des avances remboursables à Pang Da dont on ne sait si elles ont été consommées ou pas. Finalement, on a plus de dettes aujourd'hui qu'il y a 5 mois
- Pourquoi avoir gardé autant de salariés?
- Les juges en première instance ont refusé cette procédure. Que se passe-t-il si l'appel conduit au même résultat?
- Est-ce qu'une revente de Saab à un repreneur aurait dû être anticipée?
- Donc, refus de la procédure de restructuration, dépôt de bilan dans ce cas? [Màj : 02/10/11] on sait depuis que la procédure de réorganisation sous protection de la justice a été accordée en appel]
- Si l'appel est jugé recevable et la procédure de restructuration sous protection de la justice ouverte, que se passera-t-il?
- La production ne va-t-elle pas repartir avant?
- Si l'appel est rejeté, dépot de bilan ?...
- Dans toute cette affaire, le gouvernement suédois n'a finalement apporté qu'une garantie à la BEI, elle-même contregarantie sur des actifs de Saab. Pourquoi ne veut-il pas sauver sa marque historique?
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